Entretien avec Patrick Fabre, directeur artistique du Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz

Patrick Fabre occupe la fonction de directeur artistique du Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz depuis ses débuts. Alors que nous approchons de la remise des prix de cette édition, nous l’avons rencontré. Il nous a parlé de ses missions, de la crise et du bonheur de retrouver les spectateurs luziens fidèles au rendez-vous.
Rappelons qu’il s’agit de la 7ème édition du festival en tant que Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz. Auparavant, ce temps fort luzien dédié au 7ème art existait sous la dénomination de Festival international des jeunes réalisateurs, cela depuis 1996.

Patrick Fabre, quelles sont vos missions en tant que directeur artistique de festival ?

Patrick Fabre : Je fais la sélection des films et j’organise le jury. Mais la véritable fonction d’un directeur artistique, c’est de donner une direction artistique, c’est-à-dire de donner un sens au festival. Et cela en choisissant des films plus particulièrement, un jury plus particulièrement, en suivant l’idée que le directeur artistique se fait du festival. Une idée partagée avec les autres membres de l’équipe et la ville, bien sûr. Je ne fais pas un festival pour moi. C’est une idée commune. Nous voulons faire un festival de très haute qualité. Nous travaillons chaque année à améliorer cette qualité, tant du point de vue des films présentés, que des invités, tout en conservant une vraie proximité, une vraie chaleur, une vraie convivialité. C’est ça la grande ambition de ce festival et donc de ma direction artistique : viser à la fois l’excellence et la simplicité.

La crise sanitaire a impacté le monde du cinéma dans son ensemble. Qu’en a-t-il été pour l’organisation du festival ?

P.F. : Nous appliquons les règles sanitaires comme n’importe quel cinéma : port du masque dans la salle, jauge réduite, etc. Nous sommes très précautionneux de la santé des spectateurs et souhaitons les rassurer. Aussi, la mise en place de réservations par Maïté et Xabi [Garat] permet de fluidifier les déplacements du public dans le cinéma.
Toutefois, les mesures sanitaires ont impacté quelques petits moments de convivialité du festival comme le traditionnel apéritif de bienvenue du soir qui a été annulé.
Pour le reste, l’impact a été modéré. Seuls quelques acteurs n’ont pu venir car ils sont en tournage.

Xavier Legrand est président du jury cette année. Pourquoi avez-vous choisi ce réalisateur ?

P.F. : Pour plusieurs raisons. La première : c’est un grand réalisateur ! Certes il n’a réalisé qu’un court métrage (Avant que de tout perdre, 2012) et un long métrage (Jusqu’à la garde, 2017). Mais les deux ont été récompensés : César du court métrage et également du long métrage, prix de la mise en scène et du meilleur premier film à Venise. À Saint-Jean-de-Luz, il a obtenu le grand prix. Deuxièmement, il est important de créer du lien en choisissant d’inviter des artistes primés à revenir, soit pour présenter leur deuxième film soit pour être membre du jury. Notre public est fidèle et aime bien retrouver les gens qu’il a vu débuter sur nos écrans.

Nous sommes dans la deuxième moitié de cette semaine de festival, quel bilan d’étape tirez-vous ?

P.F. : Le public est là. C’est une grande joie de voir qu’il répond présent, y compris le public scolaire. Le festival a débuté avec un film d’animation extraordinaire qui a enthousiasmé le jeune public. Mercredi soir a connu un record de fréquentation sur une séance de 22h avec plus de 100 spectateurs alors que d’habitude le soir, à 22h, nous sommes plutôt aux alentours de 60.

Un film a-t-il particulièrement touché le public ?

P.F. : À ce stade, je vais parler de films hors compétition pour ne pas influencer les votes. Ceux qui ont assisté à la projection de C’est toi que j’attendais de Stéphanie Pillonca ont été émus aux larmes et les spectateurs de Seize printemps, le premier film de Suzanne Lindon, ont été absolument séduits.

Dans votre édito du livret du festival, vous concluez avec le mot « espoir ». Qu’espérez-vous pour le cinéma ?

P.F. : Dans la période actuelle, j’espère le retour des spectateurs dans les salles. Un festival, en tant qu’événement, est un excellent moyen pour inciter le public à venir ou revenir dans les salles de cinéma et à y retrouver du plaisir.